16-07-2012
PATRIMOINORAMA : comment va se porter le marché de l’immobilier parisien après les dernières mesures de durcissement de la fiscalité pour les non- résidents ?
LAURENT DEMEURE, PRESIDENT DE COLDWELL BANKER FRANCE
Les investisseurs étrangers nous posent beaucoup de questions à ce sujet.
Un de mes clients de Dubaï m'a justement appelé ce jour à ce sujet car il a lu dans sa presse nationale un article qui l'a interpellé ! Il m'a téléphoné et m'a demandé des explications. C'est très fréquent en ce moment. Mais beaucoup ne savent pas quoi faire dans l’immédiat. Certains d’entre eux ont du mal à comprendre une telle hausse de la fiscalité dans un pays où les impôts sont déjà parmi les plus élevés au monde ! De plus, l’instabilité fiscale en France est très mal vécue depuis quelques temps. Avec les mesures du nouveau gouvernement, les non-résidents vont dorénavant être assujettis à la CSG qui vient d’être portée à 15,5% sur les revenus immobiliers et les plus-values immobilières. L’immobilier haut de gamme sur Paris pour des biens supérieurs à 20 millions d’euros, sera peu déstabilisé par cette mesure et va garder tout autant d’attrait. Par contre, nous risquons d’observer un certain attentisme sur l’immobilier de prestige parisien, surtout sur des biens entre un et trois millions d’euros.
Avec les mesures du gouvernement précédent, sur le durcissement de la fiscalité des résidences secondaires (allongement de durée de détention des biens immobiliers à 30 ans pour être exonéré), nous avons connu une période de tassement en 2011 de 3 ou 4 %, selon une étude BNP Paribas. Malgré tout, nous n’avons pas constaté en 2011 de baisse notable alors que le contexte économique et fiscal était défavorable. L'alourdissement de la fiscalité est sans aucun doute un signal négatif donné aux investisseurs. Ils se posent des questions sur la crédibilité de l'économie française. Ils feront tôt ou tard leurs calculs financiers. La fiscalité est l’un des critères les plus importants lors de leurs investissements immobiliers à l’international. A ce jour, la confiance dans la France n’a pas été entamée malgrè une certaine incompréhension face à la hausse des impôts, notre pays jouissant toujours de sa côte d'amour et de son attrait .
PATRIMOINORAMA : anticipez-vous une baisse des prix de l’immobilier de prestige ?
LAURENT DEMEURE :La France est un pays de référence sur le marché immobilier international.
Paris, Londres, New York sont des capitales de prestige qui attirent les investisseurs. Combien d’étrangers fortunés rêvent dans le monde d’avoir un bien immobilier en France, dans la capitale ou dans certains lieux uniques en province !
Cette image positive n’a jusqu’à ce jour pas été impactée par l’alourdissement de la fiscalité.
Miami et Londres sont aujourd’hui les villes qui attirent de plus en plus ces investisseurs. .
Nous voyons ainsi pas mal de nos clients arbitrer des biens à Paris pour d’autres à Miami.
PATRIMOINORAMA : sommes-nous dans une bulle immobilière identique à celle qui existait en Espagne ?
LAURENT DEMEURE :Les deux marchés ne sont pas identiques. En France, on ne construit pas assez de logements chaque année par rapport à la demande. Il faudrait construire 500.000 logements, on en est loin avec moins de 350.000 logements cette année. En Espagne, au contraire, on a trop construit pendant des années et actuellement il y a plus d’un million de logements à la vente sans acquéreurs en face. Les fondamentaux des deux marchés sont donc très différents. Les mesures fiscales ont diminué l’offre, et le volume des transactions, mais sont sans conséquence sur les prix. La demande est toujours supérieure à l’offre pour soutenir les prix, ce qui n’est pas le cas en Espagne.
PATRIMOINORAMA : votre groupe est présent dans 52 pays. Quels sont les marchés attractifs en ce moment ?
LAURENT DEMEURE :Nous fonctionnons comme un réseau d'un cabinet international d’avocats internationaux, spécialisés dans l’immobilier haut de gamme et de prestige. L'étendue de notre réseau est un atout avec plus de 30.000 collaborateurs dans le monde pour notre division de prestige. Avec le développement des lignes aériennes, la mondialisation, les nouveaux clients venus des pays émergents, le marché de l'immobilier international a totalement évolué ces 20 dernières années. Acheter un bien à l’étranger devient de plus en plus facile. Les cadres et les dirigeants internationaux sont de plus en plus mobiles. Le marché immobilier de luxe se développe considérablement. Nous venons d’ouvrir des bureaux en Bolivie, au Guatemala, au Pérou, et au Brésil.
En France, nous avons récemment ouvert une agence à Saintes, en Charente-Maritime qui est une région de plus en plus prisée par notre clientèle étrangère.
Nous allons ouvrir début septembre une nouvelle agence à Biarritz et dans le bassin d’Arcachon. La France reste donc un marché attractif vous le voyez pour ces destinations magnifiques.
Les pays du Sud Méditerranéen européen (Espagne, Italie, Grèce), bien que l’immobilier y soit moins cher qu’en France n’attirent pas notre clientèle internationale à cause des incertitudes économiques qui pèsent sur ces pays.
Le marché chinois est entré dans une phase de corrections après une période de spéculation immobilière et est en retrait en ce moment.
La clientèle chinoise est actuellement la deuxième clientèle présente sur le marché international après la clientèle américaine. Par contre, New York, et plus particulièrement Miami pour les retraités, présentent actuellement un bel engouement.
Près de 100.000 français vivent à Miami ; les prix étant actuellement encore attractifs.
L’immobilier de prestige a entamé une belle reprise aux États-Unis.
Le centre de Londres, Dubaï, Singapour attirent aussi les investisseurs.
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