28-06-2015
Près de 550 professionnels de la générosité et de la gestion de patrimoine se sont réunis mardi 31 mars 2015 au Centre de Conférences de l’Institut Pasteur, à Paris, pour découvrir les freins et perspectives d'un secteur qui se renouvelle sans cesse.
Une plénière, des tables rondes et des ateliers ont permis de dévoiler les nouveaux visages de la philanthropie.
Des figures emblématiques de la génération de « philantrepreneurs » ont apporté leurs éclairages sur les nouvelles cultures et pratiques philanthropiques en France ou à l'étranger, dont l'esprit est de remplacer le simple don par un investissement à visée sociale
L'Institut Pasteur ,Fondation privée reconnue d’utilité publique, créée en 1887 par Louis Pasteur, l’Institut Pasteur est aujourd’hui un centre de recherche biomédicale de renommée internationale, au cœur d’un réseau regroupant 32 instituts présents sur les cinq continents. Pour mener sa mission dédiée à la prévention et à la lutte contre les maladies, en France et dans le monde, l’Institut Pasteur développe ses activités dans quatre domaines : recherche scientifique et médicale, santé publique et veille sanitaire, enseignement, valorisation économique et transfert technologique.
Plus de 2 400 collaborateurs travaillent au sein de son campus, à Paris. Leader mondial reconnu dans le domaine des maladies infectieuses, de la microbiologie et de l’immunologie, ses 130 unités se consacrent également à l’étude de certains cancers, de maladies génétiques et neurodégénératives, ou encore à la génomique et à la biologie du développement. Ces travaux dédiés à l’amélioration de nos connaissances sur le vivant, permettent la découverte et le développement de nouveaux moyens de prévention et d’innovations thérapeutiques. Depuis sa création, 10 chercheurs travaillant au sein de l’Institut Pasteur ont reçu le Prix Nobel de Médecine, les derniers en 2008 à titre de reconnaissance de leur découverte en 1983 du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) responsable du Sida.
Appliquer à la philanthropie des principes empruntés au monde de l'entreprise, à savoir l'efficacité, et donc l'impact. Voici une manière simple de définir cette approche de l'investissement social qui remplace le simple don et dont les « philantrepreneurs» sont la figure de proue. L'espoir suscité par ces méthodes est d'autant plus important que les besoins vont croissant.
La philanthropie a rajeuni et n'a plus rien à voir avec la charité pratiquée jusqu'au 20e siècle. Sophie Lacoste-Dournel, présidente du fonds de dotation Porosus , n'a pas manqué de rappeler les différences de taille qui existent entre les différentes générations. Ses grands-parents donnaient de l'argent par coups de cœur alors que le fonds familial créé en 2012 se caractérise par un travail collectif et objectivé. Le but est aussi de le transmettre, avec ses valeurs, aux générations suivantes. Même une fondation «old school» du côté de ses ressources - pour reprendre les mots d'Olivier Brault, Directeur général de la fondation Bettencourt Schueller -, qui ne dépendent que d'une famille et qui ne sont pas investies mais données, reste fidèle aux valeurs d'entrepreneurs de la famille.
On retrouve cette professionnalisation et cette recherche d'impact dans la philanthropie pratiquée hors de l'occident. De grandes fondations familiales, présentes dans les domaines de la santé, l'éducation et la culture, ont permis de faire évoluer les cadres législatifs dans différents pays. En Turquie, dès 1967, le fondateur de la plus vieille et plus importante fondation privée, Vehbi Koç , a permis de faire passer la loi en faveur des fondations afin de s'assurer efficacité et maîtrise de sa philanthropie. Au Maroc, Amina Laraki-Slaoui, présidente du groupe AMH (groupement associatif d'entrepreneuriat social) , a réussi à rendre visible la cause du handicap et mettre en place un modèle d'économie mixte dans un environnement plus que dubitatif. Même si de nombreux blocages persistent au niveau des Etats, la philanthropie dans les pays du Sud et en développement est prometteuse.
Il existe une grande diversité d'initiatives pour développer une philanthropie incarnée et faire sauter les verrous qui bloquent encore la rencontre entre projets et donateurs.
Comme l'a rappelé Christian Bréchot, directeur général de l'Institut Pasteur, les donateurs sont devenus des acteurs à part entière de leur générosité. Les philanthropes étrangers notamment sont en attente de mesures d'efficacité et n'envisagent pas de recevoir de simples informations sur l'utilisation de leurs dons. C'est pourquoi l'Institut Pasteur réalise des business plans à leur attention. Afin de les impliquer dans leur projet philanthropique et de s'assurer de leur bonne compréhension des activités financées, des réunions avec les chercheurs sont également organisées. Ceux-ci peuvent expliquer leurs besoins - les projets prioritaires, le temps nécessaire à la recherche, etc. - afin de donner les meilleures chances aux recherches engagées et futures d'aboutir.
Certaines organisations lancent des fonds qui s'adressent à de grands donateurs.
Sans être de grandes fortunes, ils veulent faire plus que de signer un chèque, mais ne trouvent pas toujours un projet philanthropique à leur mesure. La fondation Caritas France est une des rares fondations abritantes spécialisée sur une cause, en l'occurrence la lutte contre l'exclusion et la pauvreté. Elle rassemble l'ensemble de ses donateurs - fondations créées par des familles ou des individus, et dons directs à la fondation abritante - au service de cette cause. Le Fonds Adie , fonds de dotation de l'Adie - association pionnière du microcrédit en France - lance en avril 2015 son offre «Mécène Adie pour l'emploi», à travers trois fonds spécifiques - Jeunes, Femmes et Microfranchise solidaire -, afin de permettre aux donateurs qui souhaitent agir pour l'emploi de choisir l'affectation de leurs dons.
Alexandre Mars, un «serial» entrepreneur français de 40 ans, a trouvé des moyens à son image pour développer des passerelles avec les nouvelles générations de donateurs en leur offrant un service sur-mesure. Il a créé à New York, dans le même esprit que ses cinq entreprises, une start-up philanthropique : l' Epic Foundation . Pendant quatre ans, il a réalisé des études de marché en rencontrant philanthropes, associations et gouvernements.
Aujourd'hui, via des réseaux d'entrepreneurs ou des fondations ( Bill Gates , Ashoka , etc.), il réalise un important travail de sélection de dossiers puisqu'il en reste 20 sur 2400. En parallèle, il part à la recherche de philanthropes et de banques. Son service est gratuit. En termes de transparence, chaque donateur peut voir en direct, grâce à des plateformes en ligne, l'évolution des projets qu'il soutient (le nombre d'enfants qui profitent d'une école financée, le nombre de litres d'eau tirés d'un nouveau puits, etc.).
Du côté des entreprises.
La fondation d'entreprise - si sa mission est clairement définie et en cohérence avec laraison d'être de l'entreprise, tout en évitant l'écueil des liens avec le business -, peut être un moteur interne pour l'adhésion des salariés. Sylvain Breuzard, président de Norsys , société de services informatiques, ne rencontre que 6% de turn-over sur un effectif total de 350 personnes grâce à une implication forte des salariés Clara Gaymard, présidente de GE France et du fonds de dotation de la société d'investissement RAISE , a suscité de vives interrogations quant à sa volonté de faire bouger les lignes sur les limites entre le business et le non-profit. Le mécanisme du fonds de dotation, qui repose sur le don par l'équipe de RAISE Investissement de la moitié de son intéressement sur les plus-values réalisées, crée un système qui mêle les grands groupes actionnaires, les ETI et PME dont RAISE Investissement est lui-même actionnaire, et les jeunes entreprises de croissance accompagnées par le fonds RAISE.
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